AGEEM et école maternelle : Histoires croisées
1- L’AGEEM a été fondée en 1921. Bientôt 100 ans d’existence… Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Isabelle Racoffier : Une des questions les plus fréquentes que j’ai entendue est : pourquoi, il n’y a pas l’équivalent de l’AGEEM pour l’école élémentaire ? L'une des principales raisons est que l’école maternelle ne va pas de soi. Les enseignants de l’école maternelle ont toujours eu à se défendre, à justifier, à prouver leur travail.
Il a fallu attendre 40 ans pour que les enseignantes de l’école maternelle ait le même statut que leurs collègues de l’élémentaire. Au fil des ans, elle devient parfois l’enjeu de choix politique, économique et pédagogique.
Pour cela, l’AGEEM a dû trouver des soutiens de chercheurs, d'élus, de membres de l’institution scolaire ou encore du monde éditorial. L’Association est devenue une interface entre ces différents mondes. Cela lui confère une place originale dans le système scolaire. Et en même temps, elle s’est constituée un réseau de personnes engagées qui ont eu la volonté de défendre une pédagogie de qualité pour les enfants.
L’axe fondamental pour les prochaines années est de développer la recherche sur les spécificités de l’école maternelle : le jeu, les liens entre pratiques des arts et construction de la pensée symbolique, l'apport des contes, de la poésie dans l’apprentissage de la langue, dans la représentation du monde…
Des recherches pour protéger l’école maternelle des dérives idéologiques, et surtout répondre au mieux aux besoins du jeune enfant. Ces recherches pourraient également permettre à la France d’avoir un impact international sur l’éducation des jeunes enfants. En effet de nombreux pays francophones sont en recherche de "modèle" éducatif pour les très jeunes enfants. Or actuellement, les recherches sont principalement canadiennes, italiennes, belges et suisses.
2- En quoi l’AGEEM a-t-elle influencé l’évolution de l’école maternelle ?
I.R : Les congrès nationaux et annuels, ainsi que toutes les réflexions sur les territoires (journées académiques, ateliers de réflexion dans les différents départements), permettent de compléter la formation des enseignants et les engager dans une mise en acte de cette réflexion. Chaque année, lors des congrès, entre 70 et 90 équipes proposent des pistes de travail concrètes qui permettent aux enseignants d’élaborer des idées originales.
3- Comment est née l’idée de cet ouvrage ?
I.R : Lors d’un déménagement, j’ai retrouvé le mémoire de Laetitia Stella qui avait pour titre "Les activités de l’AGIEM pendant l’entre-deux-guerres" qui m’a passionné et qui répondait à une de mes interrogations sur la raison pour laque...