Le roman de London s’achevait avec la fin du "règne de la haine" et l’entrée de Croc-Blanc dans une vie réconciliée avec les hommes. Signe des temps, le réalisateur laisse finalement au chien-loup la jouissance de sa nature animale. La violence des premières images de Croc-Blanc, l’effrayante scène du combat des chiens, leurs couleurs sombres et l’enfer qu’elles traduisent, pour les hommes autant que pour les bêtes, contrastent résolument avec la suite, les débuts de la vie du chien-loup, qui n’est pas encore Croc-Blanc : le confort de la fourrure maternelle, la forêt, les hautes montagnes enneigées, la lumière à l’entrée de la grotte formant une sorte de porte naturelle, l’univers du jeune animal est un espace pur d’où l’arbitraire est absent. Seule a cours la loi de la faim et du plus fort. Lorsque sa mère Kichë retrouve des Indiens au milieu desquels elle avait vécu, Croc-Blanc apprend le monde humain et une cruauté gratuite. Il est acquis par Castor-Gris, présenté dans le film sous les traits d’un Indien relativement bienveillant qui a vite compris combien l’animal est prometteur, et qui l’entraine à devenir chien de traineau. Dans cette adaptation, Castor-Gris a besoin d’argent pour acheter la terre de ses ancêtres ; le produit de son artisanat est volé par le veule Beauty Smith. Ce dernier veut Croc-Blanc pour ses propres monstrueuses fins où le désir d’argent masque le besoin d’exercer sa cruauté. Formé au combat de chiens, Croc-Blanc devient un imbattable tueur. Le dernier combat, celui par lequel le film commence et où la partie est très inégale, est interrompu par Weedon Smith, qui emporte avec lui le chien-loup quasiment mort. Il le conduit dans sa petite ferme à l’orée de la forêt, où sa femme Maggie va s’employer à redonner au chien-loup confiance en l’homme. Une nouvelle intrusion de Beauty Smith apporte un moment de suspense, mais Croc-Blanc ne s’en laisse plus compter. Le couple décide de repartir dans le sud avec Croc-Blanc. À la dernière minute, comprenant combien l’arrachement à ses terres d’origine peut nuire au chien-loup, la liberté lui est redonnée et l’image finale le montre hurlant au sommet d’une montagne, espace majestueux et reconquis de ses origines.
Le monde de la montagne et de la forêt, tout comme celui de la ville des chercheurs d’or, n’est tendre ni pour les animaux ni pour les hommes. Les loups ne laissent aucun répit aux convois de traineaux, les hommes se battent pour l’or et se distraient avec une sinistre pratique, le combat de chiens. Dans cet univers, Croc-Blanc apparait comme la victime de circonstances qui font de lui plus qu’un loup sauvage. Jack London l’élevait au niveau du mythe en montrant comment l’être sauvage peut gagner une forme d’humanité par l’amour. Si cette version ne propose pas une t...