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Prendre sa première classe en main
primaire

Quel professeur serai-je ?

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Cette question fondamentale souvent posée lors d’une nouvelle prise de fonction traverse légitimement et naturellement l’esprit des jeunes enseignants sortant d’études universitaires ou en reconversion professionnelle. Cette question sur l’identité professionnelle semble aller de soi lorsqu’elle entre dans le cadre d’une transition professionnelle ou d’une voie de professionnalisation, lorsque finalement la mutation est profonde et touche à l’ensemble de l’environnement et du temps d’évolution de la personne. Les ruptures d’espace-temps aident alors le futur enseignant à s’interroger sur sa manière d’appréhender le métier. L’"être prof" est ainsi interrogé. Quel professeur serai-je ?

"Quel professeur serai-je ?" ou "QuelS professeurS serai-je" ?

La question reste néanmoins trompeuse. Elle suppose qu’il n’y ait qu’une façon d’"être professeur", monolithique, continue. La question est pourtant plurielle, autant que peut l’être le verbe d’état "être", et autant que peuvent l’être les élèves. "Quel professeur serai-je ?" doit volontiers céder la place à "Quels professeurs serai-je ?". Le cheminement professionnel d’un enseignant est dépendant d’un ensemble de paramètres qui modifient les réponses à la question de l’être. Ce n’est donc pas tant la définition de l’être prof en lui-même qui importe mais la relation, les interactions qu’il entretiendra avec ses élèves, ses postures et ses choix pédagogiques, sa synchronicité avec le groupe-classe, au-delà de ses différences d’état et de celles des élèves. La modélisation cède la place à une vision plus systémique de la complexité d’état.

Cette question initiale est de fait une question continue qui appartient à l’essence même du métier, dans un statut paradoxalement stable mais provisoire. Elle jalonne le temps de l’enseignant. La difficulté pour le professeur est alors d’avoir suffisamment de recul, de capacité réflexive développée et travaillée pour poursuivre ce questionnement au-delà des premières années de prise de fonction et d’une quotidienneté qui avec le temps peut se transformer en routine assommante. Le changement de niveau de classe, le traitement de la grande difficulté scolaire, la gestion de l’hétérogénéité sont des facteurs qui incitent fortement l’enseignant à se réinterroger sur ses gestes professionnels et ses micro-arbitrages en classe. Un changement d’espace, d’équipe pédagogique modifie également le rapport au métier, le rapport à l’être. Ces interactions sont sensibles, elles renvoient aux perceptions de l’enseignant et soulignent la complexité de sa posture qui doit s’adapter régulièrement, sortir de sa zone de confort. Régulièrement, l’"Être enseignant" sort de sa professionnalité pour la faire évoluer.

Se fixer des objectifs d'apprentissage sans chercher la perfection

Ce questionnement permanent sur cette professionnalité doit cependant préserver l’enseignant d’une culpabilisation excessive. La quête de la meilleure issue favorable aux apprentissages ne doit pas être confondue avec la quête d’une perfection, de reste inexistante, qui renverrait légitimement au sentiment d’échec, à une perte de confiance en soi, et à long terme au burn-out. La distinction entre l’être prof et l’être intime est complexe. Jaurès aimait à dire qu’on enseigne avec ce que l’on est. Ce savoir-être implique des savoirs et des savoir-faire. Cette réflexivité - puisqu’il s’agit de cela - s’acquiert avec le temps avec tout ce qu’elle comprend de réussites et...

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