"Ne compte pas sur les adultes pour régler tes problèmes"
1- Comment vous est venue l’idée d’écrire la collection "Et alors ?"
Élisabeth Brami : Ce sont les éditions Pocket Jeunesse qui m’ont appelée. Ils voulaient créer, avec le philosophe Fabrice Midal, une collection qui soit utile aux enfants. J’ai d’abord refusé, car je ne voulais pas faire croire aux gens qu’on puisse donner le bonheur clef en main à leurs enfants. Finalement, nous nous sommes mis d’accord, car M. Midal s’est avéré très ouvert et m’a garanti une liberté d’écriture. J’avais toutefois pour condition de parler réellement du problème dans lequel était plongé mon personnage : je pars du principe qu’on ne peut pas parler de solution si on n’a pas bien exposé le problème. Il était très important de définir la ligne directrice de cette collection, sans tomber dans cette mode des livres qu’on fait lire aux adultes pour remédier aux soucis de leurs enfants, mais qui sont complètement déconnectés de l’enfance : je n’aurais pas supporté que mes ouvrages soient de ceux-là.
2- Ces livres doivent-ils être considérés comme des références dans la manière de traiter les problèmes des enfants ?
É.B : Non, ce ne sont pas des livres-médicaments. Nous avions d’abord choisi, avec Fabrice, de donner à la collection un penchant didactique, avec une page de théorie en fin de livre ; mais rapidement nous avons abandonné cette idée. Ce sont seulement des livres qui ont la prétention d’être littéraires, et d’entraîner le lecteur à une réflexion. Bien sûr, le mieux-être est aussi un objectif, mais nous voulons le provoquer par l’effet de la lecture et l’identification au personnage. J’ai voulu faire passer un message, et donner des pistes à mon lecteur ou ma lectrice, mais sans prétendre faire de la psychologie pour enfants : je ne fais pas du Catherine Dolto, pour résumer.
Forcément, je me suis retrouvée dans cette collection, car elle constitue la synthèse de tout ce que j’ai écrit depuis mes débuts, dans une forme littéraire adaptée. Mes personnages ne sont pas des personnages-prétextes, c’est aussi en cela que mes livres sont littéraires : je les choisis en fonction du thème abordé. Par exemple, il m’a semblé évident de choisir un garçon pour traiter de la timidité, pour casser les préjugés. Parfois les parents sont compréhensifs, parfois ils ne comprennent rien, parfois il y a une grand-mère, parfois il y a un chien… C’est cette construction indépendante qui fait de mes livres de vrais romans.
3- A-t-il été compliqué pour vous d’inclure votre expérience professio...