3 questions à... Sophie Andrade Remani
L'École aujourd'hui : Pourquoi solliciter la perception esthétique de la nature chez l’enfant ?
D’abord, je pense que nous pouvons avoir l’ambition, à travers les arts visuels, d’amener les enfants à élargir leur définition de la nature. En effet, pour eux nature rime souvent avec verdure. Définir avec eux le sens de ce mot, en engageant une démarche en arts visuels, peut élargir et éclairer leur regard. Celui-ci peut se porter sur : "Ce qui dans l’univers se produit spontanément, sans l’intervention de l’homme." Alors, l’observation des éléments naturels peut mettre en évidence des formes plastiques variées. Ainsi les paysages enneigés, les plages, les éruptions volcaniques donnent la possibilité aux élèves de percevoir, de façon sensible, cette nature vivante et autonome, et de considérer la richesse de la forme naturelle. On peut aussi focaliser le regard sur "l’ensemble des choses perçues, visibles, en tant que milieu où vit l’homme". Les villes, les parcs, les forêts sont autant de sujets à regarder, à interpréter et à réinventer. Il s’agit d’affûter l’oeil sensible de l’enfant. Poser la question de l’implication de l’homme sur son milieu puis regarder autrement et s’inscrire esthétiquement dans la réalité de son propre environnement, permettent aux élèves de percevoir aussi la nature comme une ressource inépuisable d’ordre plastique.
Comment développer ce regard à l’école ?
De multiples mises en oeuvres sont possibles. Selon l’orientation choisie, l’enseignant peut proposer aux élèves de considérer dans l’environnement proche les traces de "nature". Dans la cour ou lors d’une sortie, les élèves peuvent photographier, dessiner, enregistrer, filmer des végétaux, des animaux, des paysages… Il faut les amener à tout observer, du plus grand au plus petit, du plus loin au plus près, à tout collecter, trier en fonction de critères plastiques. Ces activités deviennent alors des points d’ancrage à des réalisations plastiques et symboliques, à travers des interprétations, des multiplications, des copies, des assemblages ou des transformations d’éléments naturels. Je pense que cette appropriation plastique de la nature questionne aussi la place de la création de l’homme dans son environnement. Il copie, dompte, transforme, magnifie, rend la nature productive. La prise de conscience par les arts visuels, de l’impact des individus sur la nature, peut permettre des ouvertures sur des préoccupations environnementales et cette transversalité me semble aussi intéressante à considérer dans le développement de ce regard.
En quoi le travail des artistes peut-il aider les enseignants ?
Les artistes se sont toujours intéressés à la nature. La pluralité de leurs propositions peut perm...