Il était une fois, la science dans les contes
Modeste, mais susceptible d’inviter à la mise en œuvre d’un enseignement pratique interdisciplinaire à l’échelon des cycles 2 et 3, l’exposition actuelle de la Cité des Sciences (Paris) prépare une habitude méthodologique qui, loin de déposséder contes et fables de leurs spécificités littéraires et humaines, en prolonge les leçons vers les voies de la science et permet de les ancrer dans un texte émouvant. Notons toutefois que le mot "conte" est entendu en un sens large, Alice et Pinocchio étant les héros de deux fictions romanesques particulières.
Certains pourront juger que la poésie du pois dans le conte d’Andersen, La Princesse au petit pois, se perd un peu dans le prolongement sur les acariens et autres insectes épouvantables des lits, mais les deux plans peuvent demeurer côte à côte : le raffinement extrême de la "vraie" princesse, qui réside dans sa sensibilité, n’a certes rien à voir avec les acariens, hôtes habituels des literies. Pourtant ce raffinement conduit à la nécessité d’une bonne hygiène et pourquoi pas, à une réflexion sur le dandysme. Plus délicate est la question du temps, abondamment traitée dans Alice au Pays des Merveilles. L’exposition offre une intéressante comparaison entre quatre types de temps, dont nous ne maitrisons à coup sûr que l’un d’entre eux, celui que nous vivons "en temps réel". La science ou la technique, elles, restituent les plans temporels plus complexes, le temps géologique ou le temps accéléré. Notre perception est limitée et surtout relative, nous dit aussi Alice, et l’exposition offre un espace pour le comprendre. C’est aussi une des leçons de Pinocchio, qui invite à se méfier des nouvelles largement répandues et pourtant fausses. La question des codes secrets est abordée avec Ali-Baba et les Quarante voleurs, tandis que Jack et le haricot magique est un prétexte à penser notre utilisation de l’eau.
Chaque narration et chaque fable deviennent une porte d’entrée sur des phénomènes scientifiques que l’enfant est invité à explorer de façon interactive. Dans La Forêt Enchantée, qui constitue le cœur de l’exposition, on s’aventure au milieu de dix-huit arbres de quatre mètres de haut, et si l’enseignant le souhaite un atelier permet de découvrir des espèces animales et végétales atypiques, et de comprendre l’importance de la protection de la biodiversité.
Sur place, les enfants prennent visiblement un grand plaisir aux activités proposées. Mais le fait de les reprendre et de les adapter à l’espace de la classe et de son calme retrouvé permettra un meilleur approfondissement des diverses pistes explorées.
Ils ont commenté...