Vaiana. La légende du bout du monde
Alors que Vaiana (Moana dans la version originale) n’est encore qu’un adorable bébé qui fugue vers l’océan, l’ile de Motunui est paradisiaque : les pêcheurs font d’abondantes pêches, les cocotiers fournissent bois de construction, fibres, lipides, glucides. Le cocos nucifera est bien l’arbre de vie aux cent usages. La fillette grandit et son destin est de succéder à son père, le chef Tui. Son adolescence correspond au temps où l’île est victime de l’inévitable entropie : lorsqu’un système perdure dans le temps et la répétition constante sans apport d’information, il se désorganise. Cette désorganisation prend la forme de la pourriture des noix de coco, de l’absence de poissons dans le lagon. La sensation qu’un malheur frappe l’ile est présente, et seule Vaiana, qui a maintenant seize ans, comprend qu’une clé réside dans l’aventure au-delà de la barrière de corail : système clos sur lui-même, le monde de Vaiana périra s’il ne s’ouvre pas à l’altérité. La clé mythologique est d’un autre ordre, et Tala, la grand-mère de Vaiana, transmet la légende fondatrice. Cette légende raconte comment le pouvoir de vie venait du cœur de Te Fiti, ile-mère ou déesse-mère. Ce cœur avait été volé par Maui, un demi-dieu à l’idiosyncrasie prométhéenne, qui l’avait ensuite perdu dans les flots de l’Océan en combattant un monstre de feu, Te Kâ.
Pour tenter de retrouver ce cœur perdu, et sauver son peuple, Vaiana sait qu’elle doit transgresser l’ordre paternel et franchir la barrière de corail. Elle le fait d’autant plus volontiers qu’elle a compris, grâce à sa grand-mère, que les habitants de Motunui étaient un peuple de navigateurs, devenus sédentaires par peur des risques marins. Vaiana sent l’appel du large et celle qui n’a jamais navigué va prendre un bateau, se laisser emporter par l’Océan et trouver d’abord Maui. Ce demi-dieu, aux tatouages très remarquables qui s’animent à l’occasion (racontant sa véritable histoire lorsque Maui ment), se révèle un compagnon ambigu, souvent lâche et faible, que la jeune fille va provoquer et entrainer. Après des péripéties inouïes (parfois un peu longues comme certaines scènes sur l’Océan, ou la bataille avec les Kakamora), le triomphe sur le monstrueux crabe Tamatoa et le diable de lave Te Kâ, Vaiana restitue son cœur à Te Fiti la déesse qui redevient une île enchanteresse, verdoyante et fleurie, la mère des îles.
Un grand soin a été porté aux expressions des personnages et l’animation est parfaite : le petit groupe d’enfants suspendus aux lèvres de la grand-mère est à cet égard exemplaire, tout comme l’est la joie du bébé Vaiana devant l’Océan. Un travail exceptionnel a été réalisé lors de grandes scènes comme la bataille avec Te Kâ, l’affrontement du bateau avec l’Océan ou autres moments de bravoure, faisan...
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