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Analyse

Une affaire de culture professionnelle

Une affaire de culture professionnelle
© Emmanuelle Thiercelin/Fedephoto
Les enfants scolarisés dans ce pays fréquentent l’école obligatoire dix ans au moins, et ce sont les mêmes qui parcourront l’école puis le collège. De ce constat banal devrait découler une évidence(1) : La continuité école / collège. Or, elle fonctionne mal.

Si le seuil école / collège est franchi avec facilité par certains enfants, il précipite les difficultés de ceux des écoliers aux acquis incertains ; ce sont essentiellement des enfants des classes populaires. C’est donc une affaire importante, parce qu’elle est un des maillons marquants de cet engrenage qui va conduire à la désorganisation de tant de classes, à la souffrance des élèves, au découragement des enseignants de collège et à l’échec de l’école obligatoire publique pour plus d’un quart des effectifs.

Des actions de liaison au caractère souvent anecdotique
Ce qui oppose dans leur organisation l’école et le collège est bien connu2 : au collège, des classes multiples et neutres se substituent aux classes uniques imprégnées de la vie collective. Le découpage horaire des activités n’a rien à voir : d’un côté, un enseignant unique organise les transitions entre domaines d’étude, de l’autre le changement de discipline d’une heure sur l’autre est associé au changement de personne et de lieu. L’institution multiplie les rappels pour faciliter la transition. Sauf en de rares endroits, on s’en tient au minimum : conduire les élèves de CM2 à leur futur collège, voire les y faire déjeuner, pour leur permettre d’anticiper l’organisation des lieux dans lesquels ils vont poursuivre leur scolarité ; assurer des contacts par quelques réunions dans l’année entre enseignants de CM2 et professeurs du collège, pour “l’harmonisation” et l’échange du profil des élèves qui vont intégrer le collège. Serait-ce donc une question qu’il suffit de régler par des aménagements pratiques ? Si tel était le cas, ce serait une affaire réglée, parce que les deux parties sont de bonne volonté. Dans les faits, le caractère le plus souvent anecdotique des actions suffit à dire que leurs acteurs n’en sont pas vraiment convaincus.

Des cultures professionnelles différentes
Les programmes, eux aussi, insistent sur la nécessaire continuité. Leur présentation articulée autour du socle commun pourrait favoriser la cohérence de leur mise en oeuvre, pour autant que le socle fasse l’objet d’un consensus chez les acteurs de l’enseignement obligatoire. Mais las, on en est loin ! L’hostilité à l’égard du socle, les propos qui en caricaturent et la lettre et l’esprit, sont essentiellement le fait des professeurs du secondaire et de ceux qui les représentent. Pourquoi ? Ce qui oppose collège et école est une affaire de culture professionnelle, et partant de là, une affaire didactique. On en connaît la cause originaire, mais on l’a oubliée : “Le collège concentre plus qu’aucun autre niveau sans doute, la tensionqui résulte de la rencontre entre tradition élitiste et projet égalitaire”3, parce qu’il a été i...

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