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Analyse

Fallait-il refuser le statut de "maître-directeur" ?

Fallait-il refuser le statut de "maître-directeur" ?
© Nadège Fagoo / Light Motiv
Il n’existe pas, pour le moment, de statut de personnel de direction pour les directeurs d’école français. Pourquoi ce faible niveau de reconnaissance alors que la figure du directeur apparaît comme l’une des références incontournables, et sans doute déterminantes, d’une adaptation de l’école à un monde nouveau ?

On se souvient en 1987 du refus marqué du statut de “maître-directeur” et des grèves qui ont précédé son retrait par le ministère. Quels furent les arguments de l’époque ? Le journal du syndicat dominant des instituteurs, le SNI, détailla les raisons du refus de plusieurs façons. Celui-ci est fondé sur : l’argument de la coupure entre les directeurs et les instituteurs ; le refus d’une école calquée sur le monde de l’entreprise ; l’arbitraire (poste à profil) ; la mise en cause du droit de grève ; la déresponsabilisation des instituteurs.

Le statut de “maître-directeur”
En quoi consistait ce projet ? Le ministre d’alors (René Monory) intervint dans le cadre des lois de décentralisation. Le “maître-directeur” y était défini comme l’animateur de l’équipe pédagogique “sur laquelle il a autorité”. L’ambition de l’époque cherche à en faire le représentant de l’école et l’interlocuteur des usagers. Dit autrement, le directeur est pensé comme un “acteur” central, placé au coeur de responsabilités sociales. Pour cela, sa formation jusqu’alors inexistante devient un levier important (“elle est assurée principalement en dehors du temps de service et donne lieu à une évaluation”). Le statut de directeur semble alors promis à des attributions multiples et spécifiques nécessitant une formation différente de celle proposée aux instituteurs.
Dans les cinq niveaux de refus mentionnés ci-dessus, le premier argument comme le troisième tendaient à montrer que le nouveau statut de “maître-directeur” pourrait revenir sur le statu quo d’une entente qui n’a pas toujours été historiquement bonne entre directeurs et adjoints. Refuser reviendrait à préserver une sorte de paix professionnelle.
Le deuxième argument montrait une diabolisation de la sphère économique suspecte d’induire une perturbation des valeurs d’une République idéalisée. Les conditions de vie professionnelle dans l’entreprise sont sous–entendues comme redoutables et une adhésion à un modèle proposé par un gouvernement de droite, impensable, car naturellement complice du monde de l’entreprise et de l’actionnariat. L’argument repose sur une logique de défense idéologique en même temps que sur des conditions de travail assimilées à une dévalorisation de la fonction d’instituteur et de son identité professionnelle.
Le cinquième argument reprenait d’ailleurs cette idée d’objectivation des maîtres par un “patron” tout-puissant, seul vrai maître des choix réalisés dans l’école.
Le troisième argument prenait appui sur l’idée d’un poste profilé pour des directeurs présentant des traits particuliers et peu contestataires de l’ordre établi. Le directeur aurait été vu comme celui qui veille par l’omniprésence de ses c...

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