On peut en avoir ou ne pas en avoir, on peut le perdre autant que le gagner, on le rattrape quand on l’a perdu, il arrive qu’on le trouve, aussi qu’on ne le trouve pas. Il faut souvent avoir la grandeur de lui en laisser pour lui-même, il se laisse découper en un laps, en un bout, et il passe, il s’écoule, il peut être compté, se laisser employer – de préférence bien –, il peut être partiel, plein, complet. Il peut être limité, mais il est infini. Il peut être libre, prospectif ou rétrospectif, il est fait pour durer et se laisse repérer. Pour Newton, il était immuable ; pour Einstein, se mêlant à l’espace, il perdait sa liberté, son écoulement étant alors affecté par le mouvement.
… Le temps.
C’est de la durée, intervalle de temps, que traite ce dossier. Pas du point de vue du physicien. Non, ce dossier s’intéresse à la manière dont l’enfant perçoit le temps, le point de vue sera donc celui du psychologue. Deux chercheurs spécialistes du temps, Sylvie Droit-Volet et John Wearden, nous démontrerons que le temps n’existe pas, mais qu’il est nécessaire de considérer plusieurs temps différents ; ils nous diront aussi comment le bébé très jeune perçoit déjà le temps. Une première analyse, par Sandrine Gil, détaillera ce point de vue tandis qu’une seconde écrite par Pierre Zelanti nous dira pourquoi le temps est différent chez les élèves instables.