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Entretien

Michel Dollé : L’école maternelle, une autre vision

Michel Dollé : L’école maternelle, une autre vision
© drfp/odilejacob
Pour un meilleur développement global du jeune enfant, depuis la crèche jusqu’à l’entrée au CP, Michel Dollé invite à repenser les dispositifs publics liés à l’enfance et aux familles et de les intégrer. Jean-Pierre Terrail, dans le second entretien publié, lui répond sur la question de l’échec scolaire.

Comment penser l’école maternelle de demain ?
Michel Dollé : Il me paraît essentiel de la resituer – et donc de la repenser – au sein de l’ensemble des politiques liées à l’enfance et à la famille. À cette seule condition pourrons-nous obtenir une continuité favorable au développement de l’enfant : entre les différentes institutions qui s’occupent de son accueil puis de son éducation, notamment le passage de la crèche à l’école maternelle, puis le passage de la Grande Section au CP, une vraie cohérence s’impose. Deux systèmes existent dans le monde, segmenté comme en France, ou intégré comme en Suède où l’enfant est suivi depuis la fin du congé parental jusqu’à l’entrée à l’école obligatoire. Ainsi le mouvement peut-il être continu de la crèche à l’école, et permettre par exemple de prendre en charge très tôt un handicap ou une difficulté de l’enfant.

Cette continuité créerait-elle une école enfantine davantage bienveillante ?
M. D. : À condition d’en revoir complètement l’approche. Notre école ne tient pas suffisamment compte du développement global du jeune enfant : les compétences cognitives, linguistiques, affectives, sociales se développent dans l’interdépendance, et l’on note le rôle essentiel de la confiance en soi et dans les adultes entourant l’enfant. Il faut donc être davantage capable d’articuler la pédagogie, le bien-être de l’enfant et la relation aux familles. Or, notre société compartimente, ce qui se retrouve à l’école. L’organisation en cycles a fait descendre l’école dans la petite enfance, alors que la Suède a connu un mouvement inverse. Pour les Suédois, faire entrer la petite enfance dans le système global éducatif avait pour objectif d’attirer à l’école élémentaire la pédagogie globale de la petite enfance. Nous faisons le
contraire.

Certains disent que l’échec scolaire se prépare à la maternelle. Qu’en pensez-vous ?
M. D. : Cela se prépare bien avant. Deux questions se posent : comment articuler la politique de soutien aux familles et la politique éducative, comment travailler à ce que le fonctionnement du système éducatif ne pénalise pas les enfants les moins dotés ? Notre école prend l’enfant comme élève et lui transmet des connaissances, elle joue sur le classement, la notation. Cela fonctionne lorsque l’enfant est étayé par un bon soutien familial. Les difficultés des familles, leurs conditions matérielles affectent la parentalité et jouent en défaveur de l’enfant. Nous n’avons pas tant besoin de moyens supplémentaires que d’une vision nouvelle : entre prestations familiales et dépenses pour l’éducation, la France est dans le peloton de tête pour la dépense publique par enfant (de la...

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