Le temps de lire
Les élèves n’apprennent pas à lire uniquement lors de l’année du CP. Ils commencent plus tôt, et continuent longtemps après cette année symbolique. Ce sont trois années durant lesquelles l’enfant va devenir lecteur, ce qui est extrêmement motivant pour l’enseignant.
Regard cinéma et regard photo
Le regard de l’enseignant sur ces enfants varie durant ce temps. C’est ce que Jacques Lévine, philosophe et psychanalyste, appelait le regard cinéma, l’opposant au regard photo : les enfants sont vus en référence à ce qu’ils étaient dans le passé, leurs progrès sont observés, ce qui permet d’être confiant pour l’avenir ; l’enfant était à un stade de sa progression dans le passé, mais les choses changent, il n’est plus à ce niveau, il sait faire bien davantage. En observant l’élève durant trois ans, on voit d’où il part, on mesure ses progrès, et la confiance s’instaure parce que l’on sait que cet élève va avancer, changer, apprendre. J’essaie de transmettre aux enfants ce regard cinéma. Par les différents moyens qui existent dans l’école, ils sont amenés à prendre conscience de ce qu’ils faisaient dans le passé et de leurs compétences actuelles ; progressivement, ils parviennent à se mettre en projet pour ce qu’ils pourront réussir plus tard. Le fait de côtoyer, dans la classe, des enfants plus âgés et d’autres plus jeunes leur fait percevoir ce qu’ils ont été, mais aussi les aide à se projeter vers ce qu’ils seront. Dans une classe de ce type, les élèves apprennent à lire lorsqu’ils sont prêts. Il est donc tout à fait possible qu’un élève de GS sache lire. Si tel est le cas, c’est uniquement parce que c’est le “bon” moment et que l’enfant s’est donné les moyens d’y parvenir. Le fait d’être en permanence dans une classe où des CP apprennent à lire provoque une émulation et une imprégnation favorables aux apprentissages, pour ceux dont le développement est suffisant. Commencer trop tôt peut les décourager, les empêcher d’apprendre et d’aimer lire.
Besoin, envie et plaisir
Les activités de phonologie systématiques, les fiches de compréhension à compléter semblent surtout faites pour rassurer le corps enseignant : on se dit que l’on aura tout fait, et que si l’enfant n’y arrive pas, cela ne sera pas de la faute du professeur. En réalité, il est surtout nécessaire de développer le besoin, l’envie et le plaisir de lire par des activités motivantes, des projets de classe, des situations vraies et non factices, mais aussi par le désir qu’ont les non-lecteurs de ressembler aux plus grands dans la classe, qui eux, ont déjà développé des compétences de lecteurs. Le reste suit quand cela devient nécessaire. Chaque jour, les élèves de GS ont le droit d’aller lire avec les CP, s’ils le souhaitent. Certains vienn...