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Analyse

L’enfant de maternelle et sa mémoire

L’enfant de maternelle et sa mémoire
© Myr Muratet/Divergence
Michel Fayol décrypte les mécanismes de la mémoire chez le tout jeune enfant. Il analyse ses rapports au langage pour dégager les incidences sur les apprentissages.

À son arrivée à l’école maternelle, l’enfant dispose déjà de capacités mémorielles très développées. Il suffit pour s’en convaincre d’observer qu’il est capable de reconnaître les visages de ses différent(e)s camarades de classes, de retrouver son chemin pour revenir de l’école (dans un environnement pas trop complexe), et de mobiliser un grand nombre de mots pour s’exprimer et pour comprendre. En fait, depuis sa naissance, toutes les capacités de base sous-tendant les activités associées à la mémoire se sont mises en place et développées : possibilité d’établir des associations entre différentes entités, habiletés de reconnaissance (de visages, de voix, de mots, etc.), capacités de rappel de séries de gestes (imitation), de mélodies (chansons), de mots (poésies, petits récits). Les questions concernent donc plutôt les éventuelles insuffisances de la mémoire des jeunes enfants.

Les grandes catégories d’opérations du traitement mémoriel
Pour mieux parvenir à cerner celles-ci, il est utile de les distinguer entre différentes manifestations de la mémoire et de les situer par rapport aux grandes opérations que nécessite le traitement mémoriel.
1. L’encodage. Pour qu’une information soit utilisée ultérieurement, elle doit d’abord être encodée (c’est-à-dire laisser une trace en mémoire) et pour cela retenir l’attention pendant au moins une brève période : les informations visuelles, olfactives, auditives peuvent conduire ou non à la constitution volontaire de traces en mémoire ; celles-ci permettent de constituer des représentations mentales qui servent de base à la mémorisation.
2. Le stockage. Il faut ensuite que l’information soit stockée, ce qui nécessite que la trace soit consolidée et mise en relation avec les connaissances antérieures.
3. La remémoration ou récupération. Il est nécessaire que l’information puisse être retrouvée (= remémorée) lorsqu’elle est requise et seulement dans ce cas (sinon, des interférences gênent le fonctionnement de la pensée).
Ces grandes catégories d’opérations valent pour des acquisitions perceptives (les visages, les voix), motrices (les gestes, l’écriture) mais aussi pour les savoirs généraux (ou sémantiques : les noms des villes, les connaissances relatives aux moyens de déplacement, etc.) et personnels (la mémoire dite autobiographique). De manière générale, le fonctionnement de la mémoire, notamment la mobilisation des trois opérations citées précédemment, s’effectue de manière automatique. Dans la vie courante, nous encodons les faits auxquels nous sommes attentifs (par exemple en observant notre environnement), nous mémorisons (stockons) d’autant plus facilement que les données nouvelles s’intègrent à nos sa...

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