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Entretien

Jean-Marie Puissant “Chanter, c’est d’abord dire un texte”

Jean-Marie Puissant “Chanter, c’est d’abord dire un texte”
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Travailler la voix en tant qu’instrument du chant ne doit pas faire oublier qu’elle est aussi l’instrument du langage. Car l’émotion est dans la relation des mots à la musique.

L’École aujourd’hui : Peut-on considérer la voix comme un instrument de musique ?
Jean-Marie Puissant : La voix est un vecteur de messages. Musicalement parlant, c’est l’instrument du chant. Si on le compare aux autres instruments de musique, il s’agit cependant d’un instrument techniquement plus simple, dont l’usage est a priori assez naturel pour chacun d’entre nous. C’est d’ailleurs cette proximité entre le chanteur et ceux qui l’écoutent qui rend la voix si efficace pour véhiculer les émotions. Le jeu d’un instrument de musique demande une certaine technique qui nécessite beaucoup de temps avant d’obtenir des résultats satisfaisants. Le chanteur est directement là, et l’identification est immédiate de la part du public. C’est aussi ce qui donne toute son importance et sa force à la rencontre du chant “en direct”.

Comment travaille-t-on la voix et le chant ?
J.-M. P. : Chanter, c’est d’abord dire un texte. Le texte est vecteur d’émotions par sa musique, bien sûr, puisque c’est d’elle qu’il est question dans la pratique musicale. Mais cela ne doit pas faire oublier que le texte chanté est également expressif par le sens des mots qui le forment. C’est pourquoi j’aime faire travailler la voix en partant du texte. Il est très important d’en comprendre le sens, et de tenter, par le chant, d’exprimer ce sens. Le corps doit être détendu afin de pouvoir chercher une manière naturelle de faire sonner son “instrument” au service des sentiments qu’expriment les paroles (tristesse, joie, colère…). Une bonne manière d’y parvenir est de s’identifier au personnage censé dire ce texte. Ainsi ce n’est pas moi qui chante, mais le prince, ou le méchant. Je peux alors, sans complexe, exprimer justement le sens du texte et chanter “fier”, ou “furieux”. Le corps trouve ainsi plus facilement le bon geste vocal.

N’est-il pas également question de technique, de position du corps, de gestion de la respiration ?
J.-M. P. : Si, bien sûr. Mais je ne crois pas qu’il soit pertinent de travailler (ou faire travailler) la voix en commençant par cela. En effet, “entrer” dans le travail de la voix de cette manière, c’est proposer au chanteur, d’emblée, une liste d’écueils à éviter, ou de contraintes à observer. C’est donc commencer par interdire, bloquer, restreindre, stresser… Et il n’y a rien de plus mauvais pour le chant ! En demandant de travailler sur l’expression de telle ou telle émotion contenue dans le texte du chant, on amène le chanteur à faire fonctionner par lui-même cette mécanique physique et technique, mais sans la placer au premier plan, et sans la nommer explicitement. Il l’adopte alors de façon naturelle et libre. À ce su...

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