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Entretien

Le jeu, vecteur d'apprentissage

Le jeu, vecteur d'apprentissage
© Hervé Thouroude
Formateur à l’ESPE de Paris, site Molitor et Batignolles, Catherine Valiant, a en charge la ludothèque implantée dans l’établissement. Outre le développement du jeu à la maternelle, elle a également pour objectif d’élargir son utilisation à l’école élémentaire, voire au secondaire, considérant que les jeux de rôle, par exemple, prennent leur source dans les coins jeux des classes de maternelle. Elle a le souci de déconstruire auprès des étudiants la dichotomie entre travail et jeu.

Quelle doit être la place du jeu à l’école maternelle ?

C.V. A l’école maternelle, l’inscription dans une dynamique ludique donne du sens aux apprentissages. Pour l’enseignant, le jeu est un outil pédagogique de haut niveau. L’enfant joue naturellement, d’abord avec son corps, puis, au fur et à mesure de sa maturité, ses jeux se diversifient et s’enrichissent de la découverte de l’autre comme partenaire. Le jeu nourrit en effet les relations entre les enfants et fournit des schèmes d’action. Quand l’enseignant installe uncoin de jeux, il peut repérer comment ils se saisissent de la situation, comment ils agissent et parlent les uns avec les autres.

En observant les interactions entre enfants, il voit se mettre en place ce qu’on appelle des scripts, des représentations, par exemple, de la façon dont une maman s’occupe de son bébé.Les jeux de faire semblant permettent ainsi aux enfants de comprendre comment le monde s’organise.

Il y a bien entendu des jeux différents pour chaque stade de développement, avec toujours une dimension importante accordée à la manipulation. Ainsi les jeux de construction/manipulation occupent une place importante à l’école maternelle. Les enseignants de l’école élémentaire s’accordent à dire que, lorsqu’on constate un déficit de construction dans l’espace, cela créé problème. A l’école maternelle, si l’on brûle les étapes en passant trop vite à la représentation au détriment de la manipulation, alors, on crée des manques. Quant aux jeux de société, ils conduisent àélaborer des stratégies et à développer des processus cognitifs indispensables aux apprentissages lorsque l’élève parvient progressivement à procéder par élimination, à induire, à déduire...

En quel sens la phrase de Pauline Kergomard : "Le jeu est le travail de l’enfant" est-elle pertinente aujourd’hui ?

C.V. Pauline Kergomard c’était l’œil clinique du professionnel, l’intuition de la femme intelligente. Sa phrase a fait un coup de tonnerre à l’époque et elle résonne toujours aujourd’hui. Quelqu’un comme Olivier Houdé, spécialiste en neurosciences, nous explique que des zones spécifiques s’allument dans le cerveau quand l’enfant active certains gestes où le jeu est présent. A l’instar du professeur Stanislas Dehaene, les neuroscientiques affirment que l’apprentissage est optimisé par l’utilisation du jeu. Il facilite les quatre piliers de l’apprentissage : l’attention, l’engagement actif, le retour d’information, la consolidation des acquis. On peut ajouter qu’avec le jeu il est aisé de revenir sur la tâche ce qui facilite le traitement de l’erreur.

Comment les jeux peuvent-ils évoluer de la PS à la GS ?

C.V. Travailler en équipe...

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