Dès que l’enfant est invité à poser sa pensée face aux autres, il pèse et pense sa parole : tel est l’un des enjeux du débat réflexif, au coeur des Nouvelles Pratiques Philosophiques (NPP1), qui se diffusent depuis une quinzaine d’années à l’école maternelle et élémentaire. Comme le montre Marta Giménez-Dasí, guidé dans l’élaboration de ses émotions par une reprise attentive (mais non prescriptive) de ses formulations, le jeune enfant intériorise un schéma narratif et logique qui déterminera le développement de sa pensée, de sa mémoire et de son langage. Et même si, selon Gilles Geneviève, la pratique des ateliers de philosophie
n’a nul besoin de se soutenir d’un objectif autre qu’elle-même, il n’en demeure pas moins qu’elle est le seul temps scolaire où l’on apprend la précision de la parole et son juste usage dans l’exercice de la pensée. On entend là Kant qui, se demandant de qui l’on doit attendre une amélioration du monde, insiste sur la force de l’éducation en ajoutant ceci : “il importe surtout qu’ils (les enfants) apprennent à penser”2. Dans cet apprentissage, l’enfant appréciera son devoir essentiel : ne pas méconnaître en soi et en l’autre la “dignité de l’humanité”.
1. À l’occasion de la Journée Mondiale de la Philosophie, les 11e Rencontres sur les Nouvelles Pratiques Philosophiques ont lieu au siège de l’UNESCO à Paris (16 et 17 novembre 2011) (voir le site http://rencontrespratiquesphilo.unblog.fr/).
2. Kant, Traité de pédagogie. Paris, Hachette, 1981 (p. 43).