Philosopher pour développer le langage
Chaque mardi, à 14 heures, c’est le même rituel qui se déroule à l’école Tchaïkovski. Alors que la fin de la pause déjeuner vient de sonner, Xavier Souciès*, l’instituteur de grande section, installe ses élèves dans sa classe. Regroupés en demi-cercle face au tableau, ils comprennent que ce moment est un peu privilégié. “Il est important de créer une rythmicité dans les ateliers afin que les enfants l’intègrent comme faisant partie de leur semaine”, souligne Catherine Joubaud, psychologue scolaire. Et à entendre les enfants l’accueillir avec un “Bonjour Catherine !” en choeur, il semblerait qu’elle fasse bel et bien partie de la classe. Après avoir un peu ramené le silence au sein du petit groupe, C. Joubaud, assistée d’une étudiante-stagiaire en philosophie, colle quatre photos au tableau pour faire deviner aux enfants le thème du jour. “Il est plus difficile d’initier un atelier avec une question, alors je préfère les laisser s’interroger par l’intermédiaire de photos”, explique-telle. Deux coeurs entrelacés, des chatons qui “se font un câlin”, des mariés, des mains qui se joignent : il n’en faut pas plus aux enfants pour deviner qu’aujourd’hui ils vont parler… d’amour ! “Qu’est ce que l’amour ?”, leur demande la psychologue scolaire. Et chacun y va de son interprétation, en levant le doigt et en veillant à ne pas couper la parole. “Nous avons instauré des règles dès le premier atelier, précise Catherine Joubaud, ils ont bien compris qu’on lève le doigt pour parler ; que lorsque quelqu’un parle on ne lui coupe pas la parole ; et surtout qu’on doit le laisser terminer sa phrase avant de lever le doigt de nouveau.” Pour l’un des élèves, “l’amour, c’est faire des bisous et des câlins” alors que pour son voisin “l’amour, c’est avoir une famille” ou encore “se marier”. “Et les chats, est-ce qu’ils peuvent se marier ?”, rebondit Catherine Joubaud. Parmi plusieurs réponses, celle de Grace : “Non, car le mariage, c’est pour les êtres humains.” Après 20 minutes de débat, l’atelier se clôt par la lecture d’un album en lien avec le thème – Petit-Bleu et Petit-Jaune de Léo Lionni, L’École des loisirs – afin d’instaurer une “distance” avant la reprise de la classe…
Apprendre à penser
Initiés à titre expérimental sous l’impulsion de Catherine Joubaud et de la directrice de l’école Tchaïkovski, Anne Sade-Bayol, les ateliers philosophiques ont bien été accueillis par les enfants. “Au début, ils ne savaient pas du tout de quoi il s’agissait, explique C. Joubaud. On leur a expliqué que, pendant cette séance, nous allions discuter, échanger ensemble sur différents sujets.” Dep...