Comme tous les jeudis, Véronique Lardellier, l’une des deux intervenantes de l’association Théâtre Métro Ateliers, se rend à l’école maternelle Gilibert. Elle est accueillie avec enthousiasme : “Moi, j’adore le théâtre !”, lance un enfant pendant qu’elle rassemble le petit groupe de 8 qui suit l’atelier d’aujourd’hui. Les autres renchérissent aussitôt : “Moi aussi !”

S’approprier l’espace
Dans cette école lyonnaise située dans un quartier populaire, deux ateliers théâtre ont lieu chaque semaine le jeudi et le vendredi, de 16 h 30 à 17 h 30, sur le temps périscolaire. Chaque séance commence par le même rituel : délimiter l’espace théâtre dans la grande salle où ont lieu les ateliers. Pour matérialiser cet espace, les élèves installent des bancs de chaque côté jusqu’à former un rectangle. Première étape, l’échauffement. “Je veux que vous investissiez tout l’espace théâtre. Quand je frapperai dans mes mains, je veux voir des enfants partout. Vous ne marchez pas en rond, mais en ligne droite”, leur demande Véronique Lardellier. L’espace est difficile à appréhender pour les enfants, qui ont tendance à rester agglutinés et à tourner en rond. “Vous êtes trop serrés d’un côté”, commente l’intervenante lorsqu’ils s’arrêtent. Elle leur demande ensuite de marcher plus vite, mais sans courir, puis plus doucement, et enfin d’inventer des démarches insolites. D’abord un peu déroutés par l’exercice, les enfants s’amusent beaucoup de leurs démarches bizarres. “Comme l’atelier a lieu après la classe, je commence toujours par un exercice corporel pour les aider à se défouler, à prendre du recul par rapport à leur journée. Ensuite on fait un travail sur les émotions”, explique Véronique Lardellier. Après quelques étirements au sol, l’intervenante demande aux enfants de se mettre sur le dos et de faire des grimaces : “Vous ne devez bouger que la bouche, le nez et les yeux”, donne-telle comme consigne. La tâche n’est pas si facile : la plupart des enfants bougent le corps en même temps que le visage. Les exercices se terminent par un travail sur la voix. Les élèves sont répartis en deux groupes qui se font face. Ils doivent dire “j’adore le chocolat” en chuchotant, puis de plus en plus fort, et toujours en regardant celui qui est en face d’eux. Le volume monte très vite. “C’est pas mal, mais vous vous êtes mis à crier trop tôt”, commente l’intervenante. Ils recommencent l’exercice avec une autre phrase.

Exprimer des émotions
La seconde demi-heure est consacrée à de l’improvisation à partir d’une histoire inventée ensemble. C’est le moment que les enfants préfèrent. “On reprend ce que l’on a fait la semaine dernière et on enchaîne”,...