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Ces enfants pour qui le temps passe plus ou moins vite…

Ces enfants pour qui le temps passe plus ou moins vite…
© Geri Lavrov-Gettyimages
S’intéresser à l’enfant, c’est d’abord prendre conscience que l’on est face à un être en développement. Le cerveau de l’enfant n’a pas acquis son plein développement, sa partie antérieure – appelée lobe frontal – reste notamment inachevée et immature durant l’enfance. Le développement cérébral, non linéaire, s’effectue de manière assez chaotique et peut présenter une période critique pouvant comporter une évolution normale ou des variations résultant de pathologies.

Notre propos concerne ces différences interindividuelles qui peuvent s’établir entre enfants de même âge, qu’il s’agisse d’enfants avec un développement normal ou d’enfants présentant un dysfonctionnement cérébral localisé, tel un syndrome d’hyperactivité et de manque d’attention.

Cas d’un développement normal
Tous les enfants de même âge ne sont pas sensibles de la même manière au temps, conduisant ainsi à des temps dits "subjectifs" variables d’un enfant à l’autre. La capacité attentionnelle de chacun influe sur ses capacités à estimer correctement le temps qui passe. Dans notre équipe, nous montrons notamment que le niveau attentionnel évalué au moyen de tests psychométriques serait le meilleur prédicteur des performances d’estimation temporelle. Une autre étude dirigée par Sylvie Droit-Volet a également montré que lorsque l’on force l’enfant à porter attention au temps en le lui indiquant explicitement, l’estimation est correcte et beaucoup plus précise. Quand aucune consigne n’est donnée sur le fait de porter attention au temps, la durée subjective est d’autant plus courte que l’attention est détournée du traitement de la durée. Faisant écho au modèle théorique de l’horloge interne, pour traiter correctement l’information temporelle, il faut donc orienter et maintenir l’attention de l’enfant en la focalisant sur le passage du temps ; ce qui est d’autant plus difficile que les durées sont longues et que l’enfant est jeune. De faibles capacités attentionnelles altèrent ainsi la capacité à juger le temps avec précision. Les travaux en imagerie cérébrale ont mis en évidence qu’une partie bien précise du cerveau (le complexe striato-frontal) serait impliquée dans la capacité à estimer le temps. Or cette partie (frontale) du cerveau, siège des capacités d’attention et des fonctions exécutives (telles la planification, l’inhibition ou le raisonnement) ne termine son évolution qu’à la fin de l’adolescence. Chez l’enfant typique, cette lente et inégale maturation des structures cérébrales impliquées dans le traitement de l’information temporelle explique leur variabilité face au temps.

Cas d’un développement atypique
Les enfants atteints du trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) présentent une altération importante de la capacité à estimer le temps en comparaison d’enfants du même âge non atteints par ce syndrome. Pour l’expliquer, il faut revenir à la nature du trouble. Les symptômes caractéristiques de l’enfant avec TDAH sont la difficulté à maintenir son attention et une incapacité à se concentrer. Des recherches ont montré que les problèmes de comportements des enfants hyperactifs sont d’ordre neurologique. Le dysfonctionnemen...

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