Huit postes en un
Les deux directeurs des écoles Jacques Solomon A et B de Champigny, Yan Billy et Agnès Renard, travaillent dans un contexte bien particulier : des enfants qui s’endorment en classe, sont chaussés de tongues en plein hiver, ramènent des cafards à l’école... “Les conditions de vie de certaines familles sont terribles à tous les niveaux. L’école est située dans un quartier miné par l’économie souterraine, le chômage ou le travail précaire et la situation se dégrade : nous perdons des familles structurantes, et nous en accueillons de nouvelles qui vivent hébergées chez d’autres ou à l’hôtel”, constate Agnès Renard. Leur travail de directeur est caractérisé par une autre particularité, celle de fonctionner en binôme. Les équipes ont tissé des liens professionnels forts, il y a une culture de la mutualisation à Solomon. Les écoles élémentaires sont constituées de deux bâtiments jumeaux, mitoyens, dont chacun comprend neuf classes. La proximité géographique invite au partage et à l’échange ; les fonctions de directeurs qui s’exercent souvent dans la solitude sont ici envisagées autrement.
Le quotidien du directeur
“L’un des grands axes de notre travail est de renforcer les liens, explique Agnès Renard. Nous avons un travail institutionnel important en tant que représentants de l’école auprès de l’Éducation nationale et des partenaires avec qui nous sommes amenés à travailler, comme la mairie. Nous sommes aussi la courroie de transmission des informations entre l’institution, les partenaires et les familles.” Parmi les axes de travail de leur projet d’école, les deux directeurs ont mis l’accent dans un premier temps sur les relations avec les familles. “Il est très fréquent que les parents avec qui l’on discute ne sachent ni le nom de l’enseignant de leur enfant, ni son niveau de classe. Nous faisons donc beaucoup de pédagogie de base, par exemple pour que les parents nous informent quand leur enfant est malade”, poursuit Agnès Renard. Les deux directeurs organisent aussi beaucoup de rendez-vous avec les parents. Ils les invitent sur des thématiques précises, pour leur expliquer par exemple ce qu’est le livret personnel de compétences, ou pour faire visiter l’école aux parents des futurs CP.
Le quotidien de directeur est rythmé par de nombreux imprévus. “Nous sommes souvent dans la réponse à l’urgence. Nous établissons sans arrêt des priorités, qui changent tout le temps. Parfois, nous essayons de bloquer une après-midi pour discuter du projet d’école, ou pour tout autre dossier que nous devons traiter ensemble, mais nous n’y arrivons jamais !” La première...