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Entretien

Sylvie Plane : Échanger pour apprendre

Sylvie Plane : Échanger pour apprendre à l'école primaire
© D.R.
On a tendance à considérer que la maîtrise d’un minimum de vocabulaire est une condition nécessaire à la production d’écrits. Sylvie Plane* montre que l’on peut écrire pour apprendre du vocabulaire.

Comment approcher le lexique ?
Sylvie Plane : Les enfants apprennent spontanément du lexique. Le rôle de l’école est de rendre plus efficients ces apprentissages en les orientant par un travail sur deux objectifs complémentaires : la découverte des processus lexicaux et l’enrichissement du vocabulaire.

Vous proposez d’écrire pour apprendre le vocabulaire. Comment procéder ?
S. P. : C’est une des activités pour apprendre le vocabulaire, mais ce ne peut être la seule. Il faut conjuguer différentes méthodes et exploiter au mieux ce que l’écriture apporte. Souvent, pour relier écriture et apprentissage du vocabulaire, on établit une liste de mots, en général des noms ou des adjectifs, puis on demande de l’utiliser, par exemple pour réaliser un portrait. Les enfants "alignent" alors les adjectifs mais n’élaborent pas véritablement un portrait. La démarche inverse est plus stimulante : profiter du fait que la tâche d’écriture crée le besoin de mots pour dire ce qu’on a envie de dire, organiser des allers-retours entre écriture et lecture de textes sur le même sujet pour que les élèves aient à disposition des mots appropriés aux idées qu’ils souhaitent exprimer.
Faire écrire pour apprendre du vocabulaire offre trois avantages : créer le besoin de mots ; créer des zones de tâtonnement : on va écrire un mot, faire un essai, voir qu’il ne convient pas, chercher, tâtonner, jusqu’à être satisfait ; travailler en contexte, au niveau du sens (contexte large) et au niveau de la construction des expressions (contexte proche).

Le contexte large concerne tous les mots utilisés dans un texte pour traiter un même thème. En les travaillant, on active des réseaux qui facilitent leur stockage dans la mémoire et leur récupération ultérieure ; le contexte proche concerne les constructions reliant les mots entre eux. Par exemple, par la manipulation, on peut voir quel type de sujet et quel type de complément peuvent être mis avec tel verbe.

Pourquoi le tâtonnement est-il si important ?
S. P. : Le tâtonnement est un moment d’apprentissage. Quand on enseigne, on veut quelquefois prendre des raccourcis en exigeant d’emblée le mot juste. Ces raccourcis sont à éviter. Il faut accepter des moments où l’élève travaille avec termes moins précis. Par exemple un élève peut, dans une phase de découverte, employer le mot tuyau pour parler de l’oesophage, ce mot évoquant un objet long, creux, permettant le passage d’objets. Ce n’est pas le mot juste, mais il montre que l’élève a compris la fonction de cet organe. Pour éviter que le mot oesophage ne soit qu’une simple étiquette, faisant même parfois écran à la compréhension, il ne faut l’introdu...

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