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Entretien

Bertrand Pleven : "De la spatialité à l’altérité"

Bertrand Pleven : "De la spatialité à l’altérité"
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Dans cet entretien, Bertrand Pleven propose des pistes de réflexion sur l’enseignement de l’espace en maternelle, en s’inscrivant dans la pensée de Piaget.

La définition que donnait Piaget de la construction de la notion d’espace chez l’enfant est elle toujours à la base de l’enseignement dans ce domaine ?
Bertrand Pleven : Piaget reste globalement la référence, à laquelle s’ajoute celle d’Abraham Moles(1) et son idée de “coquille de l’être” : selon lui, l’enfant se construit par sphères spatiales successives. Les programmes actuels fonctionnent ainsi, sur un emboîtement partant de la sphère intime de l’enfant (l’espace où il agit directement avec son corps) vers un espace plus lointain, la classe, puis progressivement en GS, le quartier. Au cycle 2, les programmes encouragent à articuler le temps sur l’espace, sur la dialectique “ici/ailleurs”, à passer à des sphères plus lointaines “moi/les autres”. Au-delà de la spatialité, on accède à l’altérité. Il y a progression dans la complexité de la théorisation de l’espace. Ce cheminement mène, notamment mais pas seulement, à la géographie.

La notion d’espace est très globale : quels domaines doit-on privilégier pour la faire évoluer ?
B. P. : L’ensemble des domaines entre dans la construction de l’espace : en maternelle, une séance focalisée sur l’espace est par essence pluridisciplinaire. L’un des enjeux est de faire des liens logiques ou thématiques entre tous les domaines. En effet, tous les domaines, non seulement “découvrir le monde” mais aussi “devenir élève”, permettent d’accéder à la structuration de l’espace. Devenir élève, c’est se repérer dans l’école, se situer par rapport aux autres, aux adultes. Tous ces rapports sont médiatisés par l’espace, aussi bien en terme de comportement qu’en termes de repères. Deux domaines transcendent ces rapports : la motricité et le langage. Ils permettent de travailler ce que les Québécois appellent le “sens spatial” : nommer/se repérer, se situer/se déplacer (c’est-à-dire gérer la distance, ce qui entre aussi bien dans le cadre de la motricité que de la géographie), mesurer/représenter. À travers ce faisceau d’objectifs, la géographie en tant que science sociale, doit considérer l’espace comme une dimension fondamentale de la société pour nourrir et enrichir les pratiques enseignantes.

Comment passer de la perception à la compréhension ?
B. P. : On peut mettre en place des progressions autour de la cartographie qui offre un support pour guider les élèves vers l’abstraction. Progressivement, on théorise l’espace pour en avoir une connaissance décentrée. Par exemple : on va représenter un parcours de motricité en PS, puis en MS faire la cartographie d’un conte (Le Petit Chaperon Rouge est un “conte spatial”). En GS, on peut arriver à une cartographie de l’école et...

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