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Entretien

François Dubet : Former les professeurs

 François Dubet : Former les professeurs
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Instaurer une continuité pédagogique entre l’école et le collège est devenu une priorité. Mais pour que cette priorité puisse devenir réalité, François Dubet rappelle un nécessaire préalable : doter les enseignants d’une expertise pédagogique.

L’École aujourd’hui : Au regard de ce qui se passe dans les pays où l’élève reste dans le même établissement jusqu’à 16 ans, le passage de l’école au collège vous semble-t-il nécessaire ?
François Dubet : Les pays qui ont les meilleurs résultats ont choisi l’école commune jusqu’à 16 ans. En fait, le problème est que le taux d’élèves qui sortent de l’école élémentaire, en France, sans savoir convenablement lire, écrire et compter est autour de 20 %. Dans d’autres pays, avec à peu près les mêmes populations, les mêmes taux d’émigration (la Hollande, par exemple), le taux est de 8 à 10 %. Or, les pays qui ont les meilleurs résultats accordent à la formation des professeurs un effort considérable. C’est plus important que de mettre en place des dispositifs de soutien. Mais cela a un coût. Le coût du lycée français est beaucoup plus élevé que celui de l’école primaire. La France a un tropisme élitiste. Il faut par ailleurs revoir l’organisation de l’année scolaire ; les élèves n’ont pas assez de jours de classe. Mais, de toute façon, l’école élémentaire ne peut durer éternellement et le passage au collège est nécessaire.

Pourquoi ce passage est-il si difficile malgré des mesures destinées à assurer la continuité dans les apprentissages ?
F. D : L’école est devenue une “centrifugeuse” (expression empruntée à Philippe Meirieu), un système qui passe son temps à identifier les élèves à problème et les met dans des endroits spécifiques. Dans le passé, le maître de l’école républicaine considérait que s’il y avait des élèves qui ne suivaient pas ce n’était pas très grave. Or on ne peut plus accepter cela, les diplômes jouant un tel rôle dans la vie. Les pays qui s’en sortent le mieux sont ceux où le maître a appris à pratiquer la pédagogie différenciée. Cela demande du travail, mais c’est avant tout du professionnalisme. Nous restons trop souvent dans un modèle où l’on s’adresse aux élèves tels qu’ils devraient être capables de réagir ; s’ils ne le peuvent pas, on les envoie en soutien dont l’efficacité n’est pas évaluée. Ce que nous apprennent les comparaisons internationales, ce n’est pas “faites comme les Finlandais” mais c’est l’idée que l’on peut faire autrement. C’est un problème de fond.

Que faut-il faire ? Changer le collège ?
F. D. : Entre école et collège, il existe deux cultures pédagogiques différentes. Les professeurs considèrent souvent que les lacunes des élèves les empêchent d’exercer leur métier. D’où l’idée de les orienter ailleurs qui marquerait la fin du collège unique. Or, on sait très bien quels sont sociologiquement les enfants qui seront dans le cycle normal et les autres.Mais aujourd’hui nous avons une d...

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