Dans la classe de grande section de Cécile Valero, chaque semaine démarre avec l’attribution des responsabilités. Des étiquettes sont collées au tableau avec différentes phrases : mets la date, range la classe, etc. Les enfants volontaires devront choisir la bonne étiquette et la coller en face de leur prénom – tous les prénoms sont affichés à gauche du tableau.

Un apprentissage permanent
"Qui va mettre la date aujourd’hui ?", demande l’enseignante. Une élève est désignée parmi les volontaires ; elle va devoir retrouver l’étiquette correspondante. Elle en choisit une, à l’emplacement où elle se trouvait la dernière fois. Mais l’enseignante a modifié l’ordre des phrases au tableau. L’élève va donc devoir faire tout un travail de reconnaissance : compter le nombre de mots de la phrase, retrouver le premier mot, puis le son et la lettre par lesquels il commence.
"Cet exercice permet de travailler la mémoire des mots, explique l’enseignante. On a déjà vu les lettres et les sons, là on voit quels mots on peut former avec. Les étiquettes leur permettent de voir les phrases, d’apprendre à chercher les lettres, à reconnaître les mots identiques." L’exercice est loin d’être évident : "On fait cela depuis le début d’année, mais c’est laborieux. En maternelle, ils ont du mal avec la mémoire écrite. Les autres types de mémoire sont plus naturels", observe l’enseignante.
L’après-midi, les enfants reverront tout cela au cours d’une séance de phonologie. "On ne fait pas un travail spécifique sur la mémoire, mais c’est présent tout le temps, précise l’enseignante. On utilise beaucoup la répétition et aussi les repères. Une fois que les repères sont posés, ils vont pouvoir les utiliser très souvent, dans la classe ou à l’extérieur."

Un parcours sur la mémoire
Le travail sur la mémoire n’est pas seulement présent tout au long de la journée, mais aussi au fil des trois années de maternelle. "Parce que nous sommes dans un secteur difficile, nous insistons beaucoup sur la construction d’une mémoire scolaire, sur les contes notamment, explique Élisabeth Lazon, la directrice de l’école. L’idée est de leur construire un parcours qui repose sur leur mémoire parce qu’on s’est aperçu qu’ils ne faisaient pas forcément le lien d’une année à l’autre, ni entre les apprentissages." Ainsi, chaque semaine, la directrice passe dans les différentes classes et conte des histoires aux enfants. Aujourd’hui, c’est au tour des petits et des moyens.
"Qu’allons-nous faire ?", leur demande-t-elle. "On va lire une histoire", répondent les enfants. "Lire ?" Ils corrigent : "On va raconter une histoire." La directrice conte sans s...