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La méthode dite "de Singapour"

La méthode dite "de Singapour"
La méthode dite "de Singapour(1)", qui semble avoir l’oreille favorable du ministre de l’Éducation nationale, permettra-t-elle aux élèves français d’atteindre les plus hauts sommets des mathématiques, ou, ne rêvons pas, un niveau honnête en mathématiques, niveau permettant à la France de ne plus apparaitre en queue de peloton dans certaines évaluations internationales ?

Une méthode promue par la Mission maths

La Mission maths placée entre les mains de Cédric Villani et Charles Torossian avait pour but louable de faire le point sur l’enseignement des mathématiques et de dégager des pistes pédagogiques efficaces. Cette commission, tout en émettant quelques réserves de principe, promeut, dans la foulée du ministre, la méthode dite "de Singapour" dans un paragraphe (p18), intitulé "Des écoles qui pensent, une nation qui apprend". Page suivante, elle déclare en sous-titre, que cette méthode est "basée sur des pédagogies efficaces", entre autres piliers. Elle précise "Nous pouvons rapidement nous saisir des dispositions les plus simples et efficaces, notamment : une pédagogie explicite et systématique".

Une "pédagogie explicite"

Le rapport de la Mission fait l’éloge des pédagogies dites explicites et classe la méthode de Singapour dans cette catégorie. Mais qu’est une pédagogie explicite ?

Le rapport de la Mission maths ne précise pas ce qu’est une telle pédagogie. L'Association Pour la Pédagogie Explicite (APPEx), le précise dans un diaporama téléchargeable sur son site. Cette pédagogie relève du courant "instructionniste". Le mot "instruction" a été utilisé par le Président de la République lorsqu’il a annoncé l’obligation de l’école pour tous dès trois ans. Dans cette conception, le regard est porté sur l’enseignant qui décompose le savoir en savoirs les plus élémentaires possibles. Chacun de ces sous-savoirs étant supposés être à la portée de l’élève. Le maitre agit en guide.

Une métaphore

Tentons la métaphore pour illustrer ce concept. Prenons celle du guide, du premier de cordée. Il s’agit d’escalader une paroi raide, afin de parvenir au plus haut sommet. Ce guide devra s’assurer que toute sa cordée le suit bien.

Avant de se rendre au pied de la montagne à gravir, le guide demande à ses compagnons ce que l’on peut escalader. Cette activité collective dure une dizaine de minutes. Il s’agit d’une phase qui permet une verbalisation. Si le mot paroi n’était pas connu de tous, il serait alors précisé.

Le guide indique alors explicitement à tous l’objectif du jour : "Nous allons aujourd’hui escalader la paroi que vous voyez là-bas. Nous allons monter jusqu’au sommet de cette montagne en gravissant la paroi". Afin de s’assurer que tous ses amis ont bien compris, il fait reformuler par les uns et les autres l’objectif à atteindre. Puis le groupe se met en marche et s’arrête au pied de la paroi à escalader.

Après avoir pris conscience de la taille moyenne de ses c...

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