Comme le dit Martin Buber, "aucun symbole ne peut vraiment exister dans l’esprit de quelqu’un s’il n’a pas d’abord une réalité dans son corps". Le désir de mouvement de l’enfant est un désir d’agir, où s’arrime le mouvement de la pensée. C’est de cette réalité de l’agir dont parle Frédérique Wauters-Krings, lorsqu’elle exprime l’idée que le corps, ce subtil organisateur de l’action, est d’abord pris dans un réseau relationnel, temporel, émotionnel, que l’enfant domine au fur et à mesure de son développement bien accompagné. De même, selon Béatrice Foucteau, par la verbalisation de ses actions et de ses découvertes motrices, l’enfant libère sa pensée, l’ancre dans le réel de ses actions. Comment envisager l’expression motrice, individuelle et collective, offrant aux enfants joie et moyen de dire leurs angoisses ? Le travail de l’enseignant sera de partir de leur réel, tels les jeux spontanés de la cour devenant prétextes à de multiples apprentissages.
Ce mouvement, d’observation aimable dans son essence, reprendra le jeu en le dotant de nouveaux contenus, distancés et plus formels, inscrits dans les corps. Que l’école maternelle affirme aujourd’hui la valeur du corps et de l’agir moteur augure-t-il d’un esprit renaissant ?