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Entretien

Frédérique Wauters-Krings : Un corps disponible

Le corps dans les apprentissages en maternelle
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Convaincue de la place essentielle du corps dans les apprentissages, Frédérique Wauters-Krings* rappelle que l’action motrice doit être réfléchie dans une perspective globale, allant bien au-delà de l’EPS.

L’école maternelle aujourd’hui ne s’efforce-t-elle pas de remettre le corps et ses fonctions motrices au coeur des apprentissages ?
Frédérique Wauters-Krings : Oui. En intellectualisant l’approche en maternelle, on avait oublié que l’action réelle, passant par le corps, est essentielle, comme l’ont dit tous les grands pédagogues, de Froebel à Piaget. Il existe un autre problème, surtout en France. L’action motrice est pensée dans une perspective d’EPS. Même si l’EPS cible des compétences motrices transversales, les aspects hygiéniste, sportif ou pragmatique sont trop implicitement prioritaires. Je ne nie pas l’importance de travailler sur les composantes motrices pour elles-mêmes ; mais en maternelle, il faut préparer l’enfant à être disponible dans son corps. Il doit apprendre les mouvements fondamentaux, se déplacer, se protéger, s’équilibrer, avoir du plaisir à bouger, à être habile au sens propre du terme, au niveau de ses habiletés globales. Les enfants doivent pouvoir développer leurs habiletés motrices dans des situations diversifiées, répétées surtout, en même temps que seront travaillées d’autres composantes du développement.

Il y a deux constantes dans votre réflexion : le fait de partir du réel de l’enfant et le travail de mise en conflit dans une perspective de changement.
FWK : Comme Piaget le disait, chez les petits, seul le réel est possible, puis le possible devient réel. On n’a alors plus besoin de passer par l’action réelle, l’action mentale est suffisante. Mais elle doit avoir été construite à partir d’éléments réels. Plus les jeunes enfants sont en adéquation avec le réel, plus leur pensée va pouvoir se construire dans cet aller et retour. En psychomotricité, on a beaucoup parlé du système "vécu, perçu, connu" ; oui, mais il faut toujours revenir au vécu. Quant à la nécessité du conflit pour apprendre, je pense que l’enseignant doit situer un enfant par rapport à son niveau de développement et adapter les défis proposés en fonction du bond qualitatif qu’il pourra faire. C’est la pensée de Vygostky.

Ce jeu entre l’action et l’inaction ne permet-il pas la prise de conscience de l’action ?
FWK : On sait que pendant ces moments de détente ou de répétition d’actions automatiques, quand on marche, que l’on réalise une activité manuelle ne demandant pas une activité intellectuelle importante, on est en résolution de conflit cognitif. Les moments où les apprentissages s’installent sont ceux de recul ou de tranquillité. S’ils n’existent pas, les apprentissages n’auront pas le temps de s’inscrire dans la mémoire à long terme. On a tendance à vouloir que les enfants cumulent les activités, oubliant qu’ils ont...

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