Les professeurs de mathématiques des lycées s’inquiètent du devenir de cette matière noble qui tend à disparaître de leurs programmes. Ce n’est pas (encore ?) le cas des professeurs des écoles qui peuvent se réjouir de conserver cette part des mathématiques en prise directe avec l’espace dans lequel évoluent les élèves au quotidien. Les programmes de l’école de 2008 ont en effet préservé l’enseignement de cette discipline. Mais le ministère de l’Éducation nationale, au prétexte de la liberté pédagogique, n’a pas jugé bon d’accompagner ces derniers programmes – trop étiques – d’un ensemble de documents susceptibles d’aider l’enseignant à proposer des activités à sa classe. Cette absence de contrainte est peut-être la plus riche idée de ces programmes puisqu’elle permet à tout professeur des écoles d’élargir ses pratiques tout en visant les mêmes objectifs. L’objet de ce dossier est donc de proposer des pistes souvent peu exploitées pour enseigner la géométrie.
Un point d’appui de l’enseignement de la géométrie relève des interactions fortes entre les concepts mathématiques et la langue, notamment du point de vue lexical. Un deuxième pilier concerne les concepts eux-mêmes. C’est ce deuxième point qui sera abordé dans ce dossier qui s’attachera à mettre en relief une manière d’ancrer les apprentissages géométriques dans la vie réelle des élèves, dans leur classe, dans leur école, dans leur ville, dans le monde, voire dans le système solaire.
Les manipulations, tant dans l’espace réel que dans celui – plus virtuel – de l’écran d’ordinateur, se situent ici au coeur des processus d’apprentissage de la géométrie. Elles visent à placer les élèves en situation de vivre la géométrie pour mieux la saisir, pour mieux la faire vivre.