Le fonctionnement global reste le même que celui de n'importe quelle classe canadienne, ou française d'ailleurs. L'enseignant gère ses élèves et définit les objectifs à atteindre dans les différents domaines de compétences. Mais, contrairement aux autres classes de l'école, celles en immersion ont des objectifs langagiers supplémentaires, ceux de l'apprentissage d'une nouvelle langue, le français en l'occurrence.
Alors que l'on critique en France, le "franglais", cette façon de parler anglais en utilisant des structures calquées sur le français, on l'encourage outre-Atlantique. D'après mon expérience cela fonctionne à merveille, en témoignent les élèves de ces classes, capables de tenir de réelles conversations entre eux et avec l'adulte, mais aussi d'écrire dans leur langue d'adoption dès les premières années du primaire. Et pour cause, hormis, la cour de récréation où tous les enfants de l'école se retrouvent et où ils parlent généralement anglais, la journée de travail ne se déroule qu'en français ; en tout cas, chacun fait son maximum pour que ce soit le cas. Ainsi, on n'hésite pas à mixer les deux langues afin de favoriser la mise en avant des connaissances de chacun, l'apprentissage d'une nouvelle structure ou à ne pas rester muet à cause du manque de quelques éléments de vocabulaire. Je m'explique. En maternelle, par exemple, pour introduire une structure nouvelle, on procède par étapes, et plus précisément par « morceaux de phrases ». Selon la période de l’année, les élèves demanderont au professeur : "Can I go to the bathroom s’il vous plait ?", puis "Can I go to les toilettes s’il vous plait ?", et enfin "Puis-je aller aux toilettes s’il vous plait ?". C’est cette gradation qui permet un apprentissage progressif. Ces structures sont ensuite intégrées petit à petit et réutilisées dans un autre contexte : "Puis-je aller to the library s’il vous plait ?" C’est grâce notamment à ce mélange de "franglais" que les élèves acquièrent de nouvelles compétences linguistiques. Ils ne sont en effet pas bloquer par du vocabulaire qu’ils ne connaitraient pas ou auraient oublié puisqu’ils peuvent utiliser ces mots dans leur langue natale.
L’enseignement canadien est très ludique mais celui des classes en immersion l’est sans doute encore davantage. Il est important que les élèves jouent, car chaque moment de jeu est propice à la découverte d’un nouveau vocabulaire. Ainsi, on balaie le répertoire quotidien mais aussi celui plus spécifique. Cela passe notamment par les compétences travaillées dans les différents domaines disciplinaires. A titre d’exemples, les élèves développeront en sciences le vocabulaire relatif à la biosphère et aux chaines alimentaires, en éducation physique, celui du matériel, en mathématiques celui des modes opéra...