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Entretien

Bernard Golse : De la sécurité vers l’inconnu

Bernard Golse : De la sécurité vers l’inconnu
Bernard Golse, chef du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Necker-Enfants Malades (Paris)
L’enfant ne peut partir à la découverte du monde que si son sentiment de sécurité intérieure est stabilisé. Dans l’organisation, les rythmes et les activités qu’elle propose, l’école doit donc favoriser à la fois le renforcement de la sécurité affective et la capacité à explorer l’inconnu.

Quels sont les principaux rythmes qui structurent le développement de l’enfant de 3 à 6 ans ?
Bernard Golse* : On sait qu’il existe des macrorythmes (qui structurent les différents moments de la journée, le temps de la semaine, etc.) et des microrythmes. Le respect des macrorythmes est nécessaire, chez le bébé puis chez l’enfant, pour créer des points de repères quotidiens, et donc une prévisibilité d’un jour à l’autre. Le sentiment de sécurité interne des petits dépend ainsi beaucoup de cette capacité à prévoir ce qui va suivre. Inversement, la gestion plus souple des microrythmes va permettre d’introduire des moments de nouveauté, du changement, de la fantaisie dans le vécu de l’enfant, pour favoriser sa curiosité, son ouverture sur l’extérieur, sa capacité de découverte. En maternelle, une bonne structuration de la journée doit permettre de ménager des moments de fantaisie et d’imprévu.

Cette gestion du temps fournit elle les conditions nécessaires pour “bien apprendre” ?
B. G. : Oui, mais il faut également instaurer, aussi bien sur les plans cognitif qu’affectif, un bon dosage entre le “pareil” et le “pas pareil”. Si on invite un enfant à découvrir un nouvel objet, il sera d’autant plus tenté de l’explorer que ce nouvel objet comportera à la fois des ressemblances avec un objet qu’il connaît déjà, et des différences aptes à stimuler sa curiosité. L’élément sécurisant – ce que l’on connaît déjà – doit être légèrement plus présent que l’élément inconnu.

Le soin apporté à la sécurité affective est donc essentiel pour entrer dans les apprentissages ?
B. G. : Oui, bien sûr. Les deux premières années de cycle 1 ont pour objectif primordial de permettre à l’enfant de développer sa sécurité interne, ce qui va créer les conditions propices aux apprentissages ultérieurs. Un enfant de petite section “n’apprend pas” à dessiner, par exemple : quand il trace un rond sur une feuille, cette forme vient traduire, par le biais du graphisme, le sentiment de sécurité qu’il éprouve désormais dans son espace interne bien “clos”, dans son corps, son “soi”.

L’école maternelle française respecte-t-elle suffisamment ces rythmes ?
B. G. : Le macrorythme de la semaine, autour duquel est organisée notre société, me semble satisfaisant car il donne l’occasion aux enfants de se structurer à partir du modèle donné par les adultes. Cela installe un processus identificatoire utile pour pouvoir se construire. Cependant, je ne trouve...

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