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Analyse

La démarche du projet

La démarche du projet
© Alexa Brunet/Transit/Picturetank
Institutionnellement, chaque école, chaque classe travaille selon un projet. Mais s’agit-il encore de la "pédagogie du projet" telle que la concevait Dewey ? Peut-il encore y avoir un "projet des élèves" dans une école dorénavant pourvue de programmes ?

Le projet pédagogique pose les conditions de mise en oeuvre d’une structure d’apprentissage. C’est le projet de l’enseignant. Il peut choisir de travailler en projet collectif élèves, dispositif conduit par les enfants et accompagné par le professeur. C’est un moyen pédagogique en cohérence avec un cadre épistémologique particulier qui s’oppose aux pédagogies dites traditionnelles.

De spectateur à sujet
On a longtemps évolué uniquement dans des dispositifs reposant sur la transmission, dans une relation frontale. Si on se réfère au triangle pédagogique, dans ce cas, c’est le savoir qui est important. L’enseignant est celui qui sait. Les élèves ne savent rien. Il y a le travail et l’effort contre le jeu, l’oisiveté et la rêverie. Les premiers sont récompensés, les seconds sont tolérés. L’apprentissage est individuel et les échanges entre pairs ne sont pas autorisés. C’est l’enseignant qui centralise tout. Pour l’élève rétif, il ne reste que la solution d’échapper au regard de l’adulte et de s’illustrer auprès de ses camarades par des transgressions courageuses. L’adulte applique le savoir, les élèves tentent de s’en imprégner. S’ils échouent, ils seront orientés vers d’autres dispositifs ou sortiront du système scolaire. L’évaluation est uniquement un outil de sélection.
Ce système, utilisé seul, n’est plus compatible avec les aspirations de la Nation. Les progrès scientifiques ébranlent les certitudes. L’éducation nouvelle fait son apparition. Ces nouveaux pédagogues renouent avec les réflexions philosophiques de J.-J. Rousseau1 ou de J. Jacotot2, pour qui l’instruction est comme la liberté, elle ne se donne pas, elle se prend. L’éducation nouvelle donne une place de sujet à l’élève. Il est considéré dans sa globalité. Les chercheurs s’intéressent à son développement. L’enseignant quitte la position frontale pour se mettre à côté de lui et l’accompagner dans la construction de ses connaissances. L’erreur remplace la faute et devient un outil d’évaluation pour l’enseignant3. La dichotomie jeu/travail s’estompe : J. Château affirme que "le jeu est le travail de l’enfant"4. J. Piaget, H. Wallon et L. Vygotski développent des théories constructivistes.

La "pédagogie de projet"…
La paternité de la pédagogie de projet est sans conteste attribuée à John Dewey (1859-1952). Il prône les méthodes actives, s’intéresse aux besoins de l’enfant. Il s’appuie sur la tendance anthropologique universelle qui fait que l’homme veut toujours agir pour transformer le monde. Pousser par la pulsion épistémophilique5 qui lui donne cette curiosité foisonnante, le jeune enfant tâtonne et procède par essais/erreurs pour se construire une première conception...

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