"Il ne faut pas avoir peur de rencontrer les autres"
Leïla, d’où venez-vous et comment êtes-vous devenue réalisatrice ?
Leïla Macaire : Après la fac, j’ai eu la chance d’intégrer l’École de la Cité qui proposait une formation entièrement gratuite. Cet établissement créé par Luc Besson m’a permis de comprendre ce qu’était le métier de réalisatrice, notamment car j’ai pu m’essayer un peu à tous les postes : cameraman, montage, décoration, production de publicité… En parallèle, j’ai commencé à écrire et à développer des projets personnels de fiction et de documentaire. Toujours pour parfaire mon expérience, j’ai également beaucoup fait de collaboration dans la photographie, la pub et même la musique.
Comment est née l’inspiration pour "Des Tresses" ?
L. M. : L’idée m’est venue justement lors d’une séance photo avec deux petites filles : une noire et une blanche. Chacune jouait avec de la peinture dont la teinte était opposée à sa couleur de peau. Mais au-delà de cette impulsion graphique, "Des Tresses" est en partie autobiographique car j’ai grandi dans un quartier populaire au nord de Paris, où la population était très mélangée. J’étais l’une des seules à ne pas profiter d’une double culture. Avec le recul, je me rends compte à quel point avoir accès à toute cette diversité a cultivé mon ouverture sur le monde. Pour moi c’était important de réaliser un film qui montrerait la différence comme quelque chose de positif. Je trouve qu’aujourd’hui, il y a une sorte de méfiance qui s’est installée alors qu’au contraire il ne faut pas avoir peur de rencontrer l’autre et de se mélanger. À l’écriture, j’ai particulièrement fait attention à sortir des clichés.
Comment avez-vous appréhendé le travail avec les enfants ?
L. M. : Ayant moi-même passé des castings étant enfant, j’avais conscience de l’importance de nouer avec eux une vraie relation de confiance. C’est la seule solution pour qu’ils puissent se laisser aller lors du tournage. Mais cela demande un peu d’adaptation. Katell (Varvat qui joue Lilly) a été recrutée de manière classique alors que Oumou (Diaby qui interprète Dado) a été repérée à l’occasion de castings sauvages dans la rue. Elle était donc plus timide et réservée et elle a appris à se lâcher grâce à la relation que nous avons construite. Ainsi quelque temps avant le tournage, j’ai organisé des ateliers les mercredis après-midi pour travailler avec eux, faire des jeux de rôle et des improvisions. C’était aussi une manière pour moi de mieux les connaître.
Quel a été le plus difficile pour eux ?
L. M. : Ils ont adhéré facilement aux thèmes du film. Les différences et l’amitié… ça reste des choses naturelles pour eux. Je n’ai pas eu besoin de trop leur en parler. Je souhaitais prés...