L’écomusée, un concept en évolution
Les limites de la participation citoyenne
Revenons sur ce concept façonné par Georges-Henri Rivière. Sa définition était la suivante : “L’écomusée est une institution culturelle assurant d’une manière permanente, sur un territoire donné, avec la participation de la population, les fonctions de recherche, conservation, présentation, mise en valeur d’un ensemble de biens naturels et culturels, représentatifs d’un milieu [éco] et des modes de vie qui s’y succèdent.” Notons la dose utopique, nécessaire à toute théorisation, de ce concept, qui émerge au travers du principe de la participation citoyenne. Principe qui a du être réévalué à l’aune de la pratique muséale au quotidien : comment associer concrètement cette participation ? Comment concilier passé et présent, local et international ? Quid de la conjonction entre professionnalisation du musée et mission de participation citoyenne ?
Au-delà de ces quelques questions pragmatiques qui montrent les limites de la participation citoyenne dans la pratique quotidienne, il faut aussi indiquer l’évolution de la notion même de “participation citoyenne” qui n’est plus, en effet, l’apanage des écomusées. Elle concerne de nos jours l’ensemble du secteur muséal et culturel qui a pressenti la nécessité d’impliquer davantage la population, sous ou avec l’impulsion des nouveaux médias, pour créer un rapport plus dynamique et interactif avec le “public”.
L’extension de la notion de patrimoine
L’autre trait identitaire, particulier aux écomusées : l’extension de la notion de “patrimoine” qui est tout à la fois patrimoine bâti, paysager, industriel, immatériel, rural, folklorique, artisanal, etc. Prolongeant la tradition des musées d’ethnologie, de folklore, des arts et traditions populaires qui se développent auXIXe siècle et participant aussi, dans la foulée de Mai 68, au mouvement de rupture avec l’institution muséale perçue comme un bastion d’une culture élitiste, les écomusées ont ouvert les “portes” de l’institution muséale à un territoire patrimonial et mémoriel, vaste, qui était jusqu’alors cantonné à la périphérie du musée. Il s’agit là d’une “révolution copernicienne” assez significative dans la mesure où la valeur de témoignage (de témoin) prévaut sur les critères traditionnellement attribués aux oeuvres d’art et autres collections muséales “historiques”, seules légitimes à pénétrer dans l’enceinte muséale. Multidisciplinaires, les écomusées explorent les différentes strates d’activités d’un territoire dont l’industrie occupe naturellement une place emblématique, comme nous le montre l’Écomusée du Creusot- Montceau, modèle pionnier de structure éco...