Isabelle Frérot, enseignante en classe de CE2 à Mazan (Vaucluse)
Quels changements avez-vous constaté avec les rythmes scolaires ?
Isabelle Frérot : Le fait que les enfants aient deux journées longues et deux courtes fait que la dernière heure de cours est très peu efficace. Concrètement, les journées courtes sont positives, ils se disent "ouf", s’investissent plus vite en classe car ils savent qu’ils partent à 15h. Dans la pratique, les cours moins intenses intellectuellement, sport, éducation civique et moral ou les arts visuels sont placés en fin de journée.
Ce changement de rythme est comme un yoyo. J’ai constaté que mes élèves sont très fatigués les deux dernières semaines de chaque période.
Comment aidez-vous les élèves en difficulté ?
I.F : Dans ces nouveaux rythmes, j’ai placé une heure d’Aide pédagogique complémentaire le mercredi matin de 11h30 à 12h20. L’efficacité est réduite car ils sont fatigués. Si on le met en fin de journée à 16h30, ils sont fatigués. Si on le met dans les journées courtes, cela pose des problèmes organisationnels aux parents qui sont obligés d’inscrire en avance leurs enfants aux TAP (Temps d’activités périscolaires), et sur une période complète. Donc, je dois anticiper au niveau de mon organisation.
Quel a été l’impact sur les résultats de vos élèves ?
I.F : Je n’en ai constaté aucun. Comme cela se fait en dehors du temps de classe, ils le vivent comme une punition. J’ai trois ou quatre élèves maximum et ils se désinvestissent.
Quand nous terminions à 16h30, je les prenais pendant une heure. Et cela fonctionnait. En effet, avant la réforme des rythmes scolaires, les enfants avaient une régularité : ils terminaient tous les jours à 16 h 30. Ils étaient donc "habitués" à travailler tard. Avec une récréation entre la fin des cours et des soutiens, ils avaient l’impression d’avoir une vraie pause. Aujourd’hui, ce manque de régularité des horaires les empêche de trouver un équilibre.
Comment abordez-vous cette année avec les nouveaux programmes ?
I.F : Je trouve très bien qu’il y ait des contenus allégés car certains élèves ne sont pas mûrs pour les apprentissages en maths et français. Je peux utiliser ce temps, pour les aider davantage à comprendre et faire plus de pédagogie active.
Le Domaine "Questionner le monde" (histoire, géographie et sciences), revient plus à ce qui était proposé en CE1. Mais que va-t-on y mettre pour que cela ait du sens alors que les volumes horaires ont baissé ? C’est le plus difficile pour moi, de me débrouiller sans aucune formation complémentaire, avec des textes abscons.
Encore une fois, je trouve formidable que les textes aient pris en compte que les...