Lea.fr : Vous avez rapidement intégré l’intelligence artificielle dans votre enseignement. Qu’est-ce qui vous a poussée à explorer cet outil en classe ?

Gaëlle Hallez : Par curiosité, avant tout ! Lorsque l’IA générative est apparue, j’ai rapidement compris que cela allait bouleverser nos pratiques. Les jeunes s’approprient très vite les nouvelles technologies et j’ai estimé qu’il était essentiel de m’y intéresser pour ne pas me laisser distancer. J’ai donc mené une veille active, à la fois pour adapter mes propres usages professionnels et pour comprendre ce que mes élèves pourraient en faire. J’ai commencé par observer mes collègues qui expérimentaient déjà l’IA, comme Mickaël Bertrand, Laetitia Allegrini et Cécile Cathelin, puis j’ai réfléchi à des activités intégrant l’IA en cours d’espagnol. Mon objectif était d’accompagner mes élèves de 3^e dont l’usage de l’IA est pleinement constaté, dans leur appropriation de ces outils, en les aidant à faire preuve de discernement.

Pouvez-vous nous donner un exemple d’expérience menée ?

J’ai réfléchi à des activités dans lesquelles je pourrais intégrer l’intelligence artificielle et la première a été l’utilisation de l’IA, au printemps 2023, lors d’une activité sur les civilisations précolombiennes sous forme de classe puzzle avec mes élèves de 3e. Chaque groupe choisissait une civilisation et effectuait d’abord des recherches sur Google et Wikipedia. Ensuite, ils interrogeaient ChatGPT en préparant une dizaine de questions et comparaient les réponses obtenues avec leurs propres recherches. L’objectif était de développer leur esprit critique en validant ou en rejetant certaines informations. Cette expérience leur a permis de prendre du recul sur les capacités et les limites de l’IA. Toutefois, je ne l’ai pas renouvelée en raison des contraintes liées au règlement général sur la protection des données (RGPD) dans l’enseignement au collège. Malgré tout, je continue d’aborder le sujet avec mes élèves de 3e car ils utilisent déjà ces outils en dehors du cadre scolaire. Ils n’en ont pas forcément les bons usages, ne sont pas toujours en capacité de les connaitre et j’estime que c’est notre rôle d’enseignant de les accompagner.

Vous avez aussi essayé un créateur de chatbots avec vos élèves. Comment cela s’est-il passé ?

Au printemps 2024, j’ai décidé d’expérimenter Mizou, un créateur de chatbots. Je l’ai testé personnellement avant de l’introduire en classe. Comme nous venions de finir un chapitre sur la modernité et les villes du futur, j’ai proposé aux élèves de concevoir leurs propres chatbots en espagnol. Nous avons mené un dialogue où je leur ai laissé prendre la main : « si vous deviez concevo...